Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
PÊCHEURS DE PERLES

Le wahabisme, c’était le retour à la lettre du Coran. D’un seul coup de bride, cette secte arabe revenait à l’intolérance. Saad, ce saint infortuné qui vit crouler avec lui les autres saints d’Orient, n’était qu’un symbole dans cette importante aventure. Lutter contre Saad, c’était lutter contre les illusions créées par l’homme pour y trouver secours, refuge, oubli ou réconfort. N’invoquer plus Saad se traduisait dans le domaine terrestre par ne plus chanter, ne plus danser, ne plus fumer, ne plus boire, ne plus pécher, ne plus rêver. C’était la condamnation de toute fantaisie, le bannissement des coupables douceurs, l’avènement de la Vertu. L’homme, pour son plaisir, aurait les armes, le goût de la guerre et les femmes, pourvu qu’il les épouse, quitte à les répudier. Entre temps, la prière, et la prière seulement. Loi du talion pour régler les différends. Bâton, couteau, comme instruments de redressement, et défense absolue de penser par soi-même. Dieu avait parlé ; Mahomet avait transcrit ; tout était dit.

On ne prêche pas semblable carême sans énerver ses concitoyens. Les habitants d’Ayaïna boutèrent Abd ul Wahab hors de l’enceinte de la ville. L’intraitable prédicateur, barbe véhémente, partit à travers le Nedj. Les vieux manuscrits arabes ne disent pas s’il marcha longtemps ; l’un d’eux, cependant, signale qu’Abd ul Wahab