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PÊCHEURS DE PERLES

maudit. Allez ! retournez d’où vous sortez, fourbes ! Allez !

Ce matin, S. M. Ibn Seoud me recevait.

Il avait élu domicile hors des murs de Djeddah, dans une maison neuve, seule dans le désert, construite par un fonctionnaire du temps de l’autre roi, du roi sans vertu, du temps que l’on pillait, que l’on volait, que l’on assassinait.

J’ai vu des tigres, j’ai vu des lions ; ils m’ont fait peur, mais pas autant que les ikouans de la porte royale. Sous chacun de leur regard, mon courage s’affaissait comme un accordéon que l’on replie. Enfin, l’interprète, qui était musclé, me poussa dans les reins, et j’arrivai tout flageolant au premier étage. Les poignards des frères me terrorisaient moins que leurs yeux. On eût dit que leurs dents n’étaient pas dans leur bouche, mais autour de leurs yeux !

Le commandant de la police, un vieil ami déjà, à qui, de temps en temps, je passais sous le méchela (manteau), une bouteille de whisky m’empoigna le bras et je le suivis comme un enfant coupable suit un gardien de square. De sa main libre, il souleva une tenture. La pièce dévoilée était longue, il m’entraîna vers le fond, à l’endroit