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TERRE D’ÉBÈNE

— As-tu des lettres d’amour ?

Ils ne sont pas rares les tirailleurs qui vécurent la belle aventure. Que de lettres parfumées prirent le chemin d’Afrique, après la guerre ! Lettres ne sortant pas des bas-fonds, ayant du style : À mon Mamadou ! À mon Samba ! À mon Galandou ! À mon Moussa chéri. Ah ! belles curieuses !

— Oui, moi avoir des lettres. Toi venir jusqu’à Koulikoro, moi montrer elles, à toi.

Il s’agissait bien d’aller à Koulikoro ! J’avais faim. Soudain, une idée me vint. Ou je rêvais, ce qui eût été permis avec tant de vague dans l’estomac, ou j’avais embarqué un sous-officier à Kabara. Or, il n’y avait pas de sous-officier dans le chaland ! L’auraient-ils aussi mangé par T.S.F. ? Il devait être dans la machine. On rapprocha les deux bateaux. J’enjambai. Mon homme dormait sur le tas de bois, près de la chaudière, comme s’il avait fait grand froid et que nous fussions en route pour la chasse aux loups.

— Eh ! lui dis-je en le secouant, je n’ai rien à manger.

Il se réveilla lourdement.

— Excusez-moi, qu’il fit, je n’ai pas faim, j’ai trop bu.

— Vous avez bien de la veine !

— C’est, dit-il, que je reviens d’Araouan.

Il avait des provisions. Les fonctionnaires ont