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TERRE D’ÉBÈNE

ferait dresser les cheveux sur « son » tête et lui donnerait de grands frissons. « J’ai de la quinine, répondis-je, et j’aplatirai ta tignasse ; viens avec moi. » Il me dit que son père était si méchant, que certainement son revenant lui arracherait son sega (son âme). « Ce n’est pas ce qui t’empêchera de boire du dolo. Viens donc ! » Il me répondit qu’il pourrait vivre, en effet, plusieurs jours sans son âme ; mais que si son absence se prolongeait, il en mourrait. « Tu sais bien que je dois voir demain le Morho Naba ; je lui dirai qu’il te fasse rendre ton âme si le kima te la prend. »

Il sembla convaincu. Pendant deux cents mètres, il m’accompagna. Soudain, il détala, ses cheveux dressés sur la tête. Il m’a dit plus tard que c’était l’effet du kima. J’ai supposé que c’était celui du vent de la fuite !

Et les enterrements ?

Un jour, un mort déjà tout raide était debout contre un arbre, les deux pieds dans un canari. Les deux pieds dans le canari m’intriguaient. C’était une coutume lobi. Il paraît que la chaleur animale persiste plus longtemps quand on a les deux pieds dans un canari ! Des membres de la famille émouchaient le macchabée avec des queues de bœuf. Les copains dansaient, les femmes chantaient. On apporta deux poulets, qui poussèrent