lés. En n’oubliant pas qu’il faisait tout de suite, la nuit venue, un peu plus chaud que dans la journée, vous aurez une idée de la satisfaction que les promeneurs éprouvaient à goûter, ainsi vêtus, la fraîcheur du soir.
Cent quatre-vingt-dix-sept morts, dit l’administration.
— Plus de trois cents, renvoient les colons.
La vérité est sous terre.
Six heures ! on accroche la passerelle au bateau. Les fonctionnaires coloniaux sentent une angoisse les pincer au cœur. Ils ne savent où ils vont, en effet, ces gens-là. Sont-ils pour le Dahomey, la Guinée, le Soudan, la Côte d’Ivoire, le Togo, la Haute-Volta, le Niger ? Leur voyage est-il achevé ? En ont-ils encore pour dix, vingt ou trente jours, en auto, en chaland, en tipoye ? On va venir afficher leur sort dans le couloir.
On l’affiche. Les voici rassemblés autour de la feuille de papier signée : « Carde, gouverneur général. » Exclamations ! Protestations ! Nez ! On entend des mots mal élevés. Une femme jure qu’elle n’accompagnera pas son mari à Zinder. Ce lieutenant qui avait demandé Tombouctou et nous avait montré son équipement de méhariste, on l’envoie sur la Côte ! Celui qui comptait rester sur la Côte ira au Sahara. Ce couple qui a fait dix ans dans les pays humides, autour des lagunes