Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
TERRE D’ÉBÈNE

ils ne peuvent manger que dans un village. Je me suis entendu avec son chef ; il me les ramènera à coups de manigolo.

Nous retournâmes au tirage.

— Voyez-vous, moi je n’aime pas les battre, mais il le faut. D’ailleurs, si vous en prenez un en faute et que vous lui administriez une bonne raclée, il ne vous en voudra pas.

Il me montrait son bâton.

— J’ai toujours la trique à la main. On ne connaît pas deux façons de travailler ici. C’est dommage. Mais je les soigne. Je ne les vole pas sur leurs rations. Ils savent que je suis juste si je suis dur. Pas un ne m’en veut. Ils sont même rares ceux de chez moi qui ne finissent pas leur contrat. Je suis celui qui fait le moins de morts dans la région. Que voulez-vous, c’est pénible à dire, mais la machine ne peut remplacer le nègre. Il faudrait être millionnaire. Le moteur à bananes, il n’y a rien de mieux. D’ailleurs, seul le nègre peut marcher dans le poto-poto.

Ce jeune homme était logique. Lui, était venu en Afrique pour faire du bois. Il faisait du bois avec les moyens en vigueur. Il ne dépassait pas le règlement.

— Allez ! Tirez ! Tirez !

— Ah ya ! Ah ya ! Ah ya !