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TERRE D’ÉBÈNE

soir-là, ils s’arrêtaient devant la case du chef. C’était la fin du mois, jour de paye.

— Vous tombez juste pour assister à la séance, fit Bernard. Asseyez-vous à côté de moi, derrière cette table. Poincaré ! apporte la lampe-tempête !

— Vous avez aussi un Poincaré chez vous ?

— C’est la mode !

— Ton tête est-il toujours bon, Poincaré ?

— Oui, missié Bénad, mon tête est toujous bon.

— Tu n’as pas fait crapule, ce mois ?

— Moi fini faire capule, missié Bénad.

— Voilà Tour-Eiffel. Toujours vieux, mon pauvre Tour-Eiffel ?

— Toujours vieux ! missié patron.

Bernard examina ses deux cents hommes.

— Vous entendez ? disait-il à son capita, pas de brutalités. Le recrutement est déjà assez difficile. J’ai une bonne réputation, je ne veux pas la perdre en quinze jours. Ne « laquez » pas mon nom. Pourquoi celui-là ne tient-il plus debout ?

— Il a été marabouté (empoisonné).

— Il y a donc des féticheurs par là ? Qui t’a marabouté, Samba ?

— Moi, criver !

— Tu as vu féticheur ?