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TERRE D’ÉBÈNE

vait-il fait de ma caisse ? C’était un autre — un nègre nu — qui la portait. Birama, lui, criait : « Allez ! allez ! » Il l’avait « coxé » au passage et commandé du haut de son casque et de ses lunettes. Le tout-nu avait obéi comme toujours.

— Et maintenant, lui dis-je quand ils arrivèrent tous les deux, qui va payer « lui » ?

Il répliqua naturellement :

— Lui ? jamais payé !

Il s’y connaissait. On avait dû lui faire le coup plus d’une fois. Il m’apprenait à vivre en Afrique.

C’est à Oumé, en Côte-d’Ivoire, qu’il me donna une autre leçon. Justement ce jour-là, les autorités françaises allaient mettre à mort trois féticheurs qui avaient empalé une femme du village de Zangué sous prétexte qu’elle était habitée du démon et que cela causait du tort à sa famille. C’était l’un de ces crimes rituels que nous pourchassons sans grand succès. Les sorciers sont encore puissants. Nous savons bien qu’à Kalavi trois jeunes vierges sont élevées jusqu’à seize ans et sacrifiées ensuite au dieu de la lagune pour que l’année soit bonne en poissons ; que le chef de la tribu des Niaboua a pu manger treize jeunes filles sans attirer notre attention ; que la quatorzième seule le perdit ; qu’il avoua au commandant que la jeune fille était ce qu’il y avait de meilleur, et qu’il lui donna même