lauds ! Cochons ! ». Les capitas répétaient les insultes comme un écho. Deux Saras ayant déposé le baril de ciment, un capita les calotta. Ils reprirent la charge. Cent mètres plus loin, ils la reposèrent, un second capita les recalotta. De calotte en calotte, le ciment atteignit le kilomètre 80.
Les Saras ont une houppe sur la tête, des marques violine dessinent sur leur figure la forme de la coiffure égyptienne, et des tresses de chair pendent sur leurs joues. Ils sont de très grands gaillards (ce qui fait un squelette beaucoup plus impressionnant). La désolation de leur état me parut sans nom. Ils se traînent le long de la voie comme des fantômes nostalgiques. Les cris, les calottes ne les raniment pas. On croirait que, rêvant à leur lointain Oubangui, ils cherchent en tâtonnant l’entrée d’un cimetière !
Voilà le Mayombe. Ce soir, nous devons y coucher. Il faut atteindre avant la nuit le kilomètre 82. Là, il y a une case, paraît-il. Je prends place dans mon bain de siège. Les tipoyeurs vont. Soudain, ils quittent la voie et s’enfoncent sous des arbres dont je n’ai jamais vu les pareils. La forêt nous a happé comme un tunnel.
Frisson. Puis le silence se prolongeant comme un son. La nuit vient. Là-haut, j’aperçois la case ligotée par les lianes. Je ne suis pas seul à marcher