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Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/26

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TERRE D’ÉBÈNE

maman ce soir ni acheter la troisième édition de l’Intran, c’est entendu, mais ce sera autant d’économie !

Il y a le père Levreau, un vieux broussard. Vingt et un ans de Soudan. Il revient de France pour la deuxième fois seulement. Il n’aime que Kayes.

— D’ailleurs, explique-t-il, Kayes est l’une des trois villes les plus chaudes du monde. Podor, Djibouti et Kayes, c’est bien connu, il ne faut pas sortir de là. Partout où j’irais je déchoirais.

Le lendemain, à midi — dans la ville la plus chaude du monde, le train arrive à midi ! — le père Levreau débarqua à Kayes.

Ses six femmes l’attendaient sur le quai, six femmes noires dont deux Mauresques aux grands yeux de chamelle.

— Bonjour, mes chéries ! disait-il. Bonjour ! Bonjour !

Elles se précipitaient dans ses bras.

— Bonjou, papa ! répondaient-elles ! Ah ! papa ! Bonjou !

Serviteurs et servantes, derrière eux, battaient des mains. Il était fringant, piaffant.

À l’intérieur de la gare, le thermomètre marquait quarante-six !