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évangéline

heur céleste. Sa vertu lui gagnait tous les cœurs, et aux fêtes du village c’était, parmi les jeunes gens, à qui s’approcherait d’elle pour lui serrer la main. Le fermier Bénédict avait pour intime ami Basile Lajeunesse, que tous appelaient Basile le Forgeron, homme puissant et considéré de tous, dans le village. Les enfants de ces deux hommes de bien avaient grandi ensemble comme frère et sœur ; aussi de tous les jeunes gens qui se pressaient autour d’Évangéline, Gabriel était-il le seul préféré ; il était du reste, depuis quelque temps déjà, le fiancé de la jeune Acadienne. Le père Félicien, à la fois le curé et le maître d’école du village, leur avait appris leurs lettres dans le même livre, ainsi que le chant des hymnes d’église.

Lorsque la leçon de chaque jour était terminée, les deux enfants se précipitaient dans la forge de Basile. Arrivés à la porte, ils regardaient d’un œil émerveillé le forgeron prendre le sabot du cheval dans son tablier de cuir et clouer le fer à sa place, pendant que, tout près de lui, le rond de fer d’une roue de charrette rougissait dans un cercle de feu ardent.

Souvent aussi, pendant les soirées d’automne, lorsque la forge semblait éblouissante de lumière