Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
évangéline

prière, le sort douloureux qui leur était réservé.

Cependant la funeste nouvelle s’était répandue dans le village ; de toutes parts, on voyait les femmes et les enfants errer en se lamentant, de maison en maison. Évangéline attendait depuis longtemps, à la porte de la maison paternelle, le retour de Bénédict. À l’intérieur, la nappe était mise, et tout était disposé pour le repas du soir. Peu à peu le jour baissait et le soleil couchant projetait les grandes ombres des arbres sur les prairies parfumées. Évangéline, de plus en plus inquiète, sentait son âme envahie par la tristesse ; et cependant, malgré son inquiétude, des sentiments de résignation pénétraient son âme naturellement bonne. S’oubliant alors entièrement, elle se dirigea vers le village, parcourant les sentiers, consolant les femmes éplorées qui regagnaient leurs demeures où les rappelaient les soins du ménage et la fatigue de leurs enfants.

Le soleil, ce jour-là, se coucha au milieu de vapeurs qui voilaient sa face, et bientôt l’Angelus tinta doucement. Évangéline se dirigea vers l’église, et attendit quelque temps, allant et venant autour de l’édifice, à l’intérieur duquel régnait le plus profond silence. Bientôt, vaincue par l’inquiétude, elle