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évangéline

des planteurs acadiens, que Basile avait conviés en masse.

Cette réunion d’anciens compagnons, de voisins et d’amis se retrouvant, fut des plus gaies et des plus animées ; ceux qui ne s’étaient jamais vus prenaient part à la joie commune, heureux de se rencontrer sur la terre d’exil, après avoir quitté cette patrie qui leur était également chère à tous.

La conversation fut interrompue par un air de musique qui résonna dans le hall voisin, et que chacun reconnut comme venant de Michel le ménétrier. Alors tous ces braves gens, comme une troupe d’enfants joyeux, oubliant tout le reste, s’abandonnèrent au vertige d’une danse étourdissante qui exprimait la joie vive qu’ils éprouvaient.

Pendant ce temps, le curé et le maître des troupeaux, retirés à l’extrémité de la salle, causaient ensemble, rappelant les souvenirs d’autrefois, parlant des choses d’aujourd’hui et de celles de demain. Évangéline, debout près d’eux, était comme absorbée par les images du passé, qui se dressaient devant elle ; une invincible tristesse s’emparant de son âme, elle alla se réfugier dans le jardin, sans que personne eût remarqué sa disparition.

La soirée était admirable ; derrière la sombre forêt