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évangéline

d’un oiseau des bois ; puis, bientôt ce chant, après avoir traversé en s’éloignant les massifs d’alentour, alla se perdre dans la nuit silencieuse.

« Patience ! » semblaient lui murmurer les vieux chênes ; et sur les prairies, une voix secrète semblait soupirer : « Demain ! »

Le lendemain, le soleil se leva radieux, et les voyageurs se préparèrent à quitter la demeure du bon Basile.

« Au revoir ! » disait le prêtre, debout sur le seuil de la porte ; « ramenez-nous bientôt l’enfant prodigue. »

« Adieu ! » lui répondit Évangéline ; et, le visage souriant, elle descendit avec le pâtre jusqu’au bord de la rivière, où déjà les bateliers attendaient. Ils se mirent en route, la joie dans le cœur, suivant rapidement la trace de celui qui courait devant eux, emporté par le souffle du destin, comme la feuille morte que chasse le vent du désert.

Pas plus ce jour-là que le prochain, ni même que le surlendemain, ils ne découvrirent aucun vestige de celui qu’ils cherchaient. Beaucoup d’autres jours s’écoulèrent de même. Leurs uniques guides, dans cette contrée lugubre et sauvage, étaient des bruits confus et incertains.