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ÉVANGÉLINE

Avec ses avirons d’où les flots écumants
Retombaient, goutte à goutte, en larges diamants,
Était comme un nuage à la frange dorée
Qui flotte entre deux cieux dans une mer pourprée.
Le front d’Évangéline était calme et serein :
Pour elle enfin le ciel ne serait plus d’airain !
L’amour illuminait son âme sans mystère
Ainsi que le soleil illuminait la terre.


Alors dans un bosquet un jeune oiseau moqueur,
Le plus sauvage barde et le plus beau chanteur,
Sautant de branche en branche, au bord du gai rivage,
Jusqu’au faîte d’un saule au frémissant feuillage,
Se mit à fredonner des ramages si beaux
Que les vieilles forêts, les rochers et les eaux
Semblaient, pour l’écouter suspendre leurs murmures.
Ses notes scintillaient, ravissantes et pures,