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Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/161

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ÉVANGÉLINE

Le prêtre leur répond d’une voix solennelle :
— « L’aube n’a pas six fois aux cieux tendu son aile,
« Le soleil ne s’est point six fois non plus enfui,
« Depuis que Gabriel, des trappeurs avec lui,
« S’est assis sur la natte où la vierge est assise.
« Pour se rendre à mes vœux, d’une voix indécise
« Il me dit longuement son funeste destin,
« Puis il continua son voyage lointain. »
La voix du vieux pasteur était bien onctueuse :
C’était le doux écho d’une âme vertueuse.
La vierge, cependant, sentait faiblir son cœur ;
Chaque mot lui semblait éloigner le bonheur,
Et tombait lourd et froid dans son âme tremblante,
Comme durant l’hiver la neige ruisselante
Tombe dans un chaud nid d’où s’est enfui l’oiseau.
— « Il va chasser au nord dans un pays nouveau, »
Continua le prêtre, » et l’automne prochaine,
« Il revient avec nous prier sous le grand chêne. »