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ÉVANGÉLINE

On voyait, autrefois une belle maison
À l’air un peu coquet avec son blanc pignon :
C’était là qu’habitait Benoît Bellefontaine.
Il avait avec lui, dans ce joli domaine,
La jeune Évangéline, une suave fleur.
Tous deux vivaient heureux. Benoît avait du cœur,
Une haute stature, un bras fort, un front hâve.
Un œil intelligent mais peut-être un peu cave,
Une démarche ferme et soixante-et-dix ans.
Avec son teint de bronze et ses longs cheveux blancs
Il était comme un chêne au milieu d’une lande,
Un chêne que la neige orne d’une guirlande.
Et cette jeune fille, elle était belle à voir,
Avec ses dix-sept ans, son front pur, son œil noir
Qu’ombrageait une épaisse et longue chevelure ;
Comme au bord de la route une discrète mûre
Dérobée à demi par un épais buisson !
Elle était belle à voir, au temps de la moisson,