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ÉVANGÉLINE

Était le vieux Michel joueur de violon,
Charmant diseur de riens, beau chanteur de chanson.
Qui tenait bien l’archet et battait la mesure
En frappant du talon le tapis de verdure.
Sur ses cheveux de neige on voyait, tour à tour,
L’ombre de quelque feuille ou les reflets du jour
Passer quand les rameaux se berçaient à la brise.
Son visage riant avec sa barbe grise
Brillait comme un charbon qui s’anime au foyer
Quand le vent prend la cendre et la fait tournoyer.
Il promena l’archet sur les cordes vibrantes :
L’instrument résonna : les danses délirantes
Commencèrent sur l’herbe, à l’ombre du verger.
Le gazon s’inclina sous plus d’un pied léger.
Jeunes gens et vieillards s’unirent dans la danse.
Les brillants tourbillons roulèrent en cadence,
Sur l’émail du vert pré, sans trêve, sans repos,
Au milieu des ris francs et des tendres propos.