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ÉVANGÉLINE

Mais bien vite au penser de ce sanglant outrage,
S’alluma dans leur âme une bouillante rage :
Vers la porte du temple ils s’élancèrent tous.
C’est en vain toutefois qu’ils redoublent leurs coups :
Elle ne s’ouvre point ! Des soupirs, des prières,
Des imprécations et des menaces fières
Font bien haut retentir en cet affreux moment
Le lieu de la prière et du recueillement.
Tout à coup dans la foule on vit le vieux Basile,
Frémissant, agité comme un bateau fragile
Que le vent de l’orage emporte sur les flots,
Lever ses poings nerveux en rugissant ces mots :
— « À bas ! ces fiers Anglais ! Ils ne sont point nos maîtres !
« À bas ! ces étrangers ! ces perfides ! ces traîtres
« Qui viennent en brigands détruire nos moissons !
« Qui veulent nous chasser pour piller nos maisons ! »
Il en aurait bien dit sans doute davantage,
Mais un brutal soldat à la mine sauvage,