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ÉVANGÉLINE

« Mes enfants, disons donc, nous que la peine accable,
« Nous qui sommes l’objet d’une haine implacable ;
« Ô mon Père, pardon ! pardon pour nos bourreaux ! »
Après un jour brûlant, s’il pleut, les arbrisseaux
Verdissent dans les prés et nous semblent renaître.
Tels les cœurs abattus, aux paroles du prêtre,
Retrouvèrent la force et la tranquillité ;
Et les bons villageois, avec humilité,
Levèrent sur le Christ des regards d’espérance
Et s’écrieront tous, oubliant leur souffrance
Et tombant à genoux sous les sacrés arceaux :
« Ô mon père, pardon, pardon pour nos bourreaux ! »
Déjà le jour baissait. La voûte de l’église
Prenait, de place en place, une teinte plus grise ;
Un clerc vint allumer les cierges de l’autel ;
Et le Père Félix, sur un ton solennel,
Commença la prière ; et, d’une voix plaintive,
Mais avec un cœur plein d’une piété vive,