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ÉVANGÉLINE

Unirent aussitôt leur chant tremblant et grave
Et le vent qui des prés portait l’odeur suave,
Les femmes qui suivaient le cruel régiment,
Et les petits oiseaux qui voltigeaient gaiment
Sous la pourpre du ciel et la nue orgueilleuse
Mêlèrent à ces voix leur voix mélodieuse !


Assise au pied d’un arbre à côté du chemin,
En silence et le front appuyé sur sa main,
Levant, de temps en temps, un œil d’inquiétude
Vers le bourg devenu comme une solitude,
La jeune Évangéline attendait les captifs.
Comme le bruit des flots qui heurtent les récifs
Elle entendit leurs pas sur la terre durcie.
À leur touchant aspect son âme fut saisie
D’un pénible tourment, d’une affreuse douleur.
Elle voit Gabriel ! quelle étrange pâleur