instant sur le rivage, puis on retourne dans le lit de la rivière ; on saute de roche en roche, on court de bassin en bassin, on se pousse, on s’arrose, on se fait mille malices ; s’il arrive qu’en sautant ou en courant, quelqu’un se laisse tomber, les ris éclatent sur toute la ligne. Pour diversifier les plaisirs, on va parfois sur le bord de la mer affronter les flots, puis, par intervalles, on vient sur le sablé se réchauffer aux rayons du soleil. À quatre heures du soir, on sert le dîner sur la même roche et on va l’entourer comme on avait fait le matin. Avec beaucoup de viandes, on servit plusieurs espèces de poissons que les nègres avaient été pécher dans la matinée. Au milieu était un copieux calalou ; ce mets, si délicieux pour les créoles et qu’aucun étranger ne saurait goûter, est composé de plusieurs espèces d’herbes et de gombos qu’on fait ordinairement bouillir avec un morceau de petit salé ; on mêle ce calalou avec de la farine de manioc, et ce mélange tient lieu de pain. Après le dîner, qui fut long et joyeux, ces dames et ces messieurs allèrent dans différents lieux changer de vêtements ; quant à moi, qui n’avais fait de folie que le moins qu’il m’avait été possible, qui n’avais guère que le bas de mon pantalon de mouillé et qui, d’ailleurs, n’avais pas pris la précaution de faire apporter de rechange, je fus obligé de revenir en cet état, ce qui me fut à peu près
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