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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/195

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sages lois on va chercher encore tous les jours sur les côtes de l’Afrique, coulent tristement leurs jours sous la cruelle tyrannie d’une poignée de mauvais blancs. C’est au travail opiniâtre de cette classe infortunée que l’orgueilleux créole doit toutes ses richesses ; c’est pour nourrir la molle oisiveté de leurs barbares et farouches oppresseurs que ces malheureux arrosent le sol qu’ils cultivent de leur sueur et de leur sang !

Interrogez ces tristes victimes de l’avarice, demandez-leur ce qu’elles faisaient dans le pays qui les vit naître, quand des tigres, sous la figure humaine, allèrent les en arracher ! celui-ci vous dira : j’étais à la chasse ; celui-là, j’étais à la pêche ; cette femme vous répondra, en soupirant et en versant, des larmes, qu’elle cultivait le petit champ qui nourrissait sa famille ; cette jeune fille, qu’elle puisait de l’eau dans une fontaine voisine ; ces jeunes enfants vous répondront qu’ils folâtraient gaiement non loin du toit paternel. Ainsi l’on enlève impitoyablement l’époux à l’épouse, la fille à la mère, la mère éplorée à de tendres enfants qui lui tendent les bras et cherchent à la retenir par leurs cris ! Ô nature, où sont donc tes droits ! Ne faut-il pas avoir l’âme bien féroce pour se porter à de telles infamies ! Et c’est sous la loi de