davantage : les paniers de fruitières, les vieilles malles, les porte-manteaux des messagers ; si bien que mon amour et mes espérances se changèrent en dédain, et que bientôt il ne me resta rien de ma maîtresse dans l’esprit, toute volumineuse qu’elle était.
Il n’y a point de défauts en Marcelle, et je ne réussirai jamais à l’oublier.
Eh bien ! poursuivez votre folle entreprise, et n’accusez que vous de tout ce qui arrivera.
Elle a tant de grâces ! que puis-je faire ?
Y penser si bien que vous perdiez les bonnes grâces de la comtesse[1].
Théodore !
C’est elle-même.
Écoutez, je vous prie.
Vous n’avez qu’à ordonner, madame.
Si elle vient à savoir la vérité, nous sommes trois qui décampons en même temps.
Une de mes amies qui ne s’en rapporte pas à elle-même m’a priée d’écrire pour elle ce billet. Forcée par l’amitié à lui complaire, mais n’entendant rien aux choses d’amour, je vous l’apporte, persuadée que vous vous en tirerez mieux que moi. Prenez et lisez.
Qui ! moi, madame, refaire un billet que vous avez écrit !… ma prétention ne va pas jusque-là. Je n’ai pas besoin de le voir ; envoyezle tel qu’il est.
Lisez, lisez.
Je suis étonné de cette défiance de vous-même. Mais je lirai, madame, pour apprendre un style que je ne connais pas, étant tout à fait étranger à l’amour.
Vraiment ! vous n’avez jamais aimé ?
Non, madame, la connaissance de mes défauts m’a retenu. Je n’ai aucune confiance en moi.
- ↑ Ce jeu de mot se trouve dans l’original.