Un moment, de grâce. C’est que ça n’est pas aisé à dire.
Alors il nous sera malaisé de nous entendre.
Voici. — Hier, au moment où je partais : « Vraiment, Pélage, me dit Elvire, tes porcs sont bien gras. »
Bon ! et que lui répondis-tu ?
Amen ! comme dit le sacristain.
Eh bien, où veux-tu en venir par là ?
Quoi ! vous ne comprenez pas ?
Ma foi, non.
Je crois que je vais perdre ma timidité.
Peste de l’imbécile ! il ne s’en ira pas.
Ne voyez-vous pas que c’est une petite galanterie, et que cela prouve qu’Elvire aurait envie de se marier avec moi ?
Vive Dieu !…
Eh ! ne vous fâchez pas pour ça. Il n’y a pas de mal, et je ne vous l’ai pas dit à mauvaise intention.
Ah ! Sanche, tu étais là ?
Oui, et je voudrais vous parler.
Je t’écoute, mon ami. — Toi, Pélage, un moment.
Vous savez, Nuño, que mes parents, pour être de pauvres laboureurs, n’en étaient pas moins de braves et honnêtes gens ?
Sanche, vous qui vous entendez dans les choses d’amour, dites-moi, lorsqu’une fille jeune et jolie, et qui a de la fortune, dit à un jeune homme frais comme une rose : « Tes porcs sont bien gras ! » cela ne signifie-t-il pas qu’elle voudrait bien ce jeune homme pour mari ?
En effet, une pareille agacerie ne va pas à moins qu’au mariage !