Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/264

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Feliciana.

Tello, si aujourd’hui elle dit non, demain elle pourra dire oui. Soyez patient, accordez-lui une trêve. Prenez quelque repos, et ensuite vous reviendrez au combat.

Tello.

Vous me commandez la générosité envers une femme qui veut ma mort.

On frappe de nouveau.
Elvire.

Puissent mes larmes, noble dame, vous engager à intercéder pour mon honneur !

Feliciana, à Tello.

Ne vous irritez pas de cette défense. Elle est bien naturelle, et l’habitude seule pourra rendre cette jeune fille plus traitable. Attendez, mon frère.

On frappe.
Tello.

Qu’est-ce donc ?

Feliciana.

Il y a près d’une heure que son vieux père et son époux frappent à la porte. Il est juste, il est même nécessaire qu’on leur ouvre. Autrement ils en induiraient qu’Elvire est ici.

Tello.

Tout le monde prend à tâche de m’irriter. Cachez-vous là, Elvire… et que l’on fasse entrer ces deux rustres.

Elvire.

Grâce au ciel, je vais avoir un moment de repos.

Tello.

Je l’ai épargnée, et encore elle se plaint !

Elvire se cache.
Feliciana.

Holà ! quelqu’un ?

Celio, du dehors.

Madame ?

Feliciana.

Appelez ces deux pauvres laboureurs. (À don Tello.) Vous, mon frère, traitez-les bien : songez que cela importe à votre noblesse, à votre honneur.


Entrent NUÑO et SANCHE.
Nuño.

Seigneur, après avoir baisé le seuil de votre château, car nous ne sommes pas dignes de baiser vos pieds, nous venons vous rendre compte de ce qui se passe. Vous excuserez la rusticité de notre langage. Sanche, qui doit se marier avec ma fille Elvire, et dont vous vouliez bien être le parrain, vient se plaindre à vous du plus cruel outrage que la bouche d’un homme ait jamais raconté.