Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/275

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Le Roi.

Tu lui donneras cette lettre, et il te rendra ta femme.

Sanche.

Jamais plus grand bienfait ne fut accordé par votre main généreuse.

Le Roi.

Es-tu venu à pied ?

Sanche.

Non, sire ; Pélage et moi nous sommes venus à cheval.

Pélage.

Et nous les avons fait galoper comme le vent, et plus vite encore. Il est vrai que le mien a de mauvaises habitudes ; il se laisse à peine monter, se roule sur le sable ou dans les ruisseaux, court comme un médisant, mange plus qu’un étudiant, et quand nous avons le malheur de passer devant une auberge, il faut qu’il y entre ou qu’il s’arrête.

Le Roi.

Tu m’as l’air d’un brave garçon.

Pélage.

Tel que je suis, j’ai quitté le pays pour vous voir.

Le Roi.

As-tu quelque plainte à me porter ?

Pélage.

Non, sire, à moins que ce ne soit de mon cheval.

Le Roi.

Désires-tu quelque chose ?

Pélage.

Ma foi, si je voyais une cuisine dans les environs, je ne serais pas fâché d’y faire un tour.

Le Roi.

Je te demande si tu ne voudrais rien emporter chez toi des divers objets que tu vois suspendus à ces murailles.

Pélage.

Oh ! moi, je n’aurais pas où placer ça. Envoyez-les plutôt à don Tello, qui a déjà chez lui plusieurs objets tout pareils.

Le Roi.

Ce villageois est plaisant. — Dis, quel métier fais-tu dans ton pays ?

Pélage.

Je parcours les montagnes, sire ; je suis le cocher de Nuño d’Aybar.

Le Roi.

Est-ce qu’il y a des coches en Galice ?

Pélage.

Non, sire ; je veux dire — sauf votre respect, — que je garde les cochons.