LA DÉCOUVERTE DU NOUVEAU MONDE
PAR CHRISTOPHE COLOMB.
NOTICE.
La découverte du nouveau monde présentait des difficultés de toute espèce au poëte qui voudrait la mettre en drame. C’était un motif de plus pour que ce sujet tentât l’audacieux génie de Lope.
Nous n’avons point la prétention de tracer ici l’histoire de Colomb et de sa découverte ; ce serait d’ailleurs une tâche à laquelle nous nous sentons disproportionné. Mais nous ne croyons pas inutile de rappeler sommairement les faits.
Christophe Colomb, de qui le plus grand événement des temps modernes devait immortaliser le nom à jamais, naquit, selon l’opinion la plus commune, à Nervi, dans le territoire de Gênes, vers 1441, d’une famille assez pauvre. De bonne heure il étudia les mathématiques, la géographie, l’astronomie. À l’âge de quatorze ans il entra dans la marine ; et dans toutes les expéditions auxquelles il prit part, il se distingua par une grande intelligence et un rare courage. Ce fut, à ce qu’il paraît, vers 1474, à Lisbonne, où il s’était établi, qu’à la suite de longues études et de profondes méditations, il conçut l’idée d’un nouveau monde. Il la soumit au Florentin Paolo Toscanelli, le plus savant cosmographe de ce temps, et Toscanelli le confirma dans ses conjectures. Dès ce moment Colomb n’a plus qu’une pensée, la découverte du nouveau monde. Il s’y dévoue tout entier. Ni les obstacles ni les railleries ne l’arrêtent : une volonté puissante et le sentiment de sa gloire future soutiennent sa patience. Enfin, après dix-huit ans d’une attente toujours trompée, et après avoir vu ses offres refusées par toutes les cours de l’Europe, il parvient à persuader les rois d’Espagne Ferdinand et Isabelle ; il part comme leur mandataire le 3 août 1492, et le 11 octobre suivant le nouveau monde était découvert.
Ce sujet, avons-nous dit, présentait au poëte dramatique d’immenses difficultés. Et en effet, comment mettre de l’unité dans cette vaste composition ? Quel peintre ne sera pas ému devant la figure imposante de Colomb ? Et enfin, que de génie, que d’esprit, que d’imagination, ne faudra-t-il pas pour que la beauté des détails, — pensées ou images, — réponde à la grandeur de l’événement ? — Voyons comment Lope a réussi.
La pièce me semble supérieurement conçue au point de vue espagnol et catholique. De ce point de vue, la découverte de l’Amérique, c’est un nouveau monde conquis à la foi. La vision de Colomb, au premier acte, la plantation et l’adoration de la croix au deuxième, et à la fin du troisième, le baptême des Indiens, mettent bien cette idée en relief, et ces divers épisodes forment un ensemble harmonieux.
Le caractère de Colomb est fort bien tracé. La supériorité de son intelligence, la noblesse de ses sentiments, la vivacité de cette imagination italienne, sa présence d’esprit, son sang-froid, son courage, son adresse, son humanité, tout cela est admirablement compris et non moins admirablement rendu. Dès