Débarrassons de lui le navire.
À la mer ! à la mer !
Un moment ! arrêtez !
Laisse-nous, Barthélemy.
Je ne souffrirai point que l’on tue mon frère.
Il n’y a pas de milieu. Qu’il nous fasse voir la terre, ou nous lui ferons voir la mer de près.
Et où voulez-vous qu’il trouve la terre ? Son esprit bizarre, et semblable à un moulin à vent, a rêvé un monde impossible, et c’est ce monde qu’il veut découvrir. Qu’attendons-nous davantage ? À la mer !
Arrêtez ! écoutez, je vous prie, un seul mot.
Dites-en dix, dites-en vingt. Mais vous en diriez mille, que vous ne réussiriez plus à nous tromper.
Si d’ici à trois jours je ne vous ai pas montré la terre, je me livre à vous, tuez-moi.
Quoi ! vous persistez ?
Le délai n’est pas si long. Vous pouvez bien attendre jusque-là.
Au nom du ciel, Espagnols, accordez-moi trois jours encore, et l’on vous montrera les nuages colorés d’un autre horizon.
Et sans doute un autre soleil ?
Allons, faites cela pour moi.
Eh bien, qu’il en soit ainsi : encore trois jours !
Voici un bon levant.
Qu’on hisse les vergues, et qu’on fasse jouer la pompe ! (À part.) Seigneur, Seigneur, souvenez-vous de moi !