Eh bien, s’il ne tient qu’à cela, je louerai une voiture, et nous essayerons d’aller ainsi.
Avec toi j’essayerai tout ce que tu voudras ; et j’espère que tu ne regretteras pas la dépense.
Ah ! vous connaissez mal les amants. Pour peu qu’ils sentent le gousset, ils mettent tout leur argent en gants parfumés.
Que te dirai-je, ami ? Je ne suis rien sans toi, et avec toi je veux être. De même que je suis où tu es, je serai toujours où tu seras. Car, vois-tu, tu es l’être de mon être : je pense comme tu penses, je pensais comme tu pensais, je penserai comme tu penseras[1]. C’est pourquoi je ne fais plus de difficulté, et suis prête à partir, dussent, en voyant notre escapade, bisquer Ménélas et enrager Agamemnon.
Quoi ! vous m’aimez à ce point ?
Oui, je t’aime comme tout.
Quel bonheur pour moi, mon Hélène !
Sais-tu, Pâris ? tu es mon hautbois. Et moi, que suis-je à tes yeux ?
Tu es ma cornemuse.
Ô ciel !
As-tu vu quelquefois sur les bords du Mançanarez un cochon poursuivant une timide colombe ? As-tu vu quelquefois un âne courant après un picotin d’avoine ? — Eh bien ! moi, de même, je veux t’enlever de ce pays-ci avec la même célérité ; et c’est en vain que tu crieras comme jadis Lucrèce à Grenade.
Moi, crier ?
Pourquoi pas ?
Pas si sotte !
Qu’attendez-vous, illustre capitaine ? la mer est calme.
- ↑ Dazns l’original, tout ce passage est une parodie à peu près intraduisible du langage des cultistes, mauvais écrivains alors à la mode.