DE QUELQUES ERREURS
PUBLIÉES TOUCHANT LA VIE ET LES OUVRAGES DE LOPE DE VEGA.
Beaucoup d’erreurs de tout genre ont été publiées, surtout dans ces derniers temps, soit sur la vie, soit sur les ouvrages de Lope de Vega. Si, dans la notice qui précède, nous ne les avons pas relevées et combattues, c’est que nous avons craint de mêler la discussion au récit. Mais comme sur plusieurs points essentiels nous avons dit précisément le contraire de ce que l’on avait écrit avant nous, et qu’il n’est pas sans intérêt de savoir où est la vérité, nous allons consacrer quelques pages à cet examen.
Il va sans dire que nous nous occuperons seulement des erreurs de fait, des erreurs historiques. Quant à ce que nous regardons comme de faux jugements, des opinions erronées, il est inutile, ce nous semble, de nous y arrêter. Nous nous proposons de traduire un nombre assez considérable des comédies de Lope ; nous espérons que, malgré l’imperfection de notre travail, l’on pourra encore apprécier le grand poëte ; et le public, mieux informé, jugera les jugements.
De plus, nous ne nous occuperons que des erreurs commises par les critiques spéciaux, sans nous inquiéter de ce qu’ont pu dire les autres écrivains, même ceux qui ont le plus de renommée et de gloire. À quoi bon, par exemple, réfuter Voltaire, qui, confondant Lope de Vega avec Lope de Rueda, a écrit du premier qu’il avait été comédien ? Tout le monde ne sait-il pas aujourd’hui que Voltaire parlait avec autant d’assurance que d’esprit des choses qu’il connaissait le moins ? et ne suffit-il pas d’avertir les jeunes gens qui se livrent à l’étude de la littérature espagnole, qu’il ne faut lui accorder sur ce point — même comme historien, — qu’une confiance très-limitée ?
Ainsi voilà qui est bien entendu : seulement les erreurs de fait, et les erreurs avancées par les critiques spéciaux… ou qui passent pour l’être.