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Mengo.

Ainsi donc, c’est par amour de soi-même qu’on recherche le bien qui doit nous satisfaire ?

Laurencia.

Il est vrai.

Mengo.

Donc il n’y a point d’autre amour que celui que je dis. C’est celui qui fait toute ma passion, et auquel je veux me livrer.

Barrildo.

Notre curé nous dit un jour au sermon qu’il y avait autrefois un certain Platon qui nous enseignait à aimer : car celui-là n’aimait que l’âme, et tout ce qu’il désirait, c’était la perfection de l’objet aimé.

Pascale.

Je crois que vous avez soulevé là une question qui plus d’une fois peut-être a fait disputer les savants dans leurs académies et leurs universités.

Laurencia.

Elle a raison. — Va, Mengo, ne te fatigue pas à vouloir persuader es amis, et rends grâce au ciel qui t’a fait sans amour.

Mengo.

Et toi, aimes-tu ?

Laurencia.

Je n’aime que l’honneur.

Frondoso.

Alors, que Dieu te punisse un jour par la jalousie !

Barrildo.

Eh bien ! qui a gagné ?

Pascale.

Vous n’avez qu’à vous adresser au sacristain ; lui seul et le curé pourront résoudre la question. — Laurencia n’aime pas ; moi, j’ai peu d’expérience ; comment pourrions-nous prononcer un jugement ?

Frondoso.

En est-il de plus cruel que cette insensibilité ?


Entre FLOREZ.
Florez.

Dieu garde les gens de bien !

Pascale.

Voilà un des domestiques du commandeur.

Laurencia.

C’est un de ses limiers. (À Florez.) D’où venez-vous donc, l’ami ?

Florez.

Ne voyez-vous donc pas mon habit militaire ?