Il me semble, Benjamin, que le vice-roi te regarde avec beaucoup d’attention.
Depuis que j’ai vu son visage, je suis tout ému.
De quelle façon ?
Je ne saurais te l’expliquer ; mais ce que je sais bien, c’est que mon cœur, plein d’une tendre passion, s’est déjà rendu à lui.
Hébreux !
Seigneur…
Comment se porte votre père, ce bon vieillard ?
Il se porte bien… si toutefois il vit encore, maintenant que le voici privé de son âme.
Est-ce là ce jeune frère dont vous m’avez parlé ?
C’est lui.
Approche, mon enfant.
Donne-moi tes pieds, monseigneur, ou permets que je baise ta noble main.
Viens plutôt dans mes bras.
Je ne mérite pas tant d’honneur.
Ô Dieu ! que mon cœur a été agité dans cet embrassement ! Il me semblait qu’il allait sortir de ma poitrine… — Je sens couler mes larmes… je ne puis les retenir… s’ils les voient, je suis perdu. (Se tournant vers Putiphar.) Capitaine ?
Seigneur ?
La table est-elle dressée ?… — Il est temps.
Oui, monseigneur.
Alors faites-les entrer.
Entrez tous dans le lieu où vous devez manger.