On parle derrière la jalousie. — Mes amis, mettez-vous en sentinelles chacun à l’une des extrémités de la rue.
Toi, Chacon, mets-toi à ce coin.
N’ayez pas peur. À moi tout seul je ne crains pas un escadron, fût-il de trente poulets !
Zt ! zt ! Marcèle ! Marcèle ! Zt ! zt !
Qui va là ?
Votre nouvel adorateur.
Serait-ce vous, don Juan ?
Oui, c’est moi ! c’est moi !
Mon Dieu ! que cherchez-vous ici ?
C’est vous… Vous, madame !
Non pas ! vous vous trompez, ce n’est pas moi. — Et si votre maîtresse vous est infidèle, et que vous vouliez la ramener en excitant sa jalousie, allez-vous-en, partez ; je ne suis pas assez belle pour cela.
Écoutez-moi, de grâce.
Croyez-moi, allez la trouver, appelez-la, criez, pleurez, suppliez, et jurez-lui de l’épouser.
Non, belle Marcèle, je ne puis renouer avec elle. — Je suis un galant homme.
Vous voulez donc l’oublier ?
L’oublier ? ce serait trop d’honneur pour elle. Pour oublier, il faut avoir aimé d’abord.
Quoi ! vous ne l’avez jamais aimée ?
Si je l’avais aimée, il me serait moins facile de renoncer à elle.
Vous me trompez.