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aurait pas tant de femmes d’une conduite équivoque, si nous n’avions pas autour de nous d’autres femmes pour nous perdre[1].



Scène IV.

Chez le Vingt-quatre.


Entrent le VINGT-QUATRE et LÉONEL.
Léonel.

Vous m’attribuez, à moi, ses égarements ?

Le Vingt-quatre.

Je suis père, et tu dois concevoir mes craintes.

Léonel.

Fort bien, monseigneur, mais je ne conçois rien à vos reproches. — Si je l’accompagne dans ses visites, c’est afin de pouvoir, au besoin, le défendre contre l’attaque de quelque homme puissant. Le ciel m’en est témoin, je ne lui ai donné que de bons conseils, et s’il n’est pas marié avec sa belle, c’est à moi que vous en avez l’obligation.

Le Vingt-quatre.

Si don Juan faisait un semblable mariage, je chercherais un esclave pour lui laisser mon bien, ou je me marierais, ou je mourrais de douleur. Qu’il se marie à mon gré, et je m’engage à le faire nommer vingt-quatre, et à l’établir de telle sorte que tout le monde lui porte envie.

Léonel.

Don Juan est jeune encore, mais il a du jugement, de l’esprit, et…


Entre UN DOMESTIQUE.
Le Domestique.

Voici un page de l’infant don Henri.

Le Vingt-quatre.

Qu’est ceci ?

Léonel.

Quelque affaire d’amour, sans doute. Le prince, jaloux de votre fils, désire probablement que vous lui défendiez de passer dans la rue de Dorothée.

Le Vingt-quatre.

Il l’aime donc aussi, lui ?

Léonel.

Il le laisse assez voir.

Le Vingt-quatre.

Fais entrer !

Le Domestique sort.
  1. L’espagnol est beaucoup plus énergique :

    Que no huviera muger mala
    A no aver buena tercera.