Songez-y, la faute en sera à vous seul. Nous voici déjà fort loin de la ville.
Cela est de mauvais augure[1] ; mais je ne puis pas faire autrement que d’intervenir. — Serait-il juste et honnête que je demeurasse à cheval simple spectateur d’un combat entre ces deux cavaliers ?
Eh bien ! puisque vous le voulez absolument, mon épée va répondre à la vôtre.
Arrêtez !
Ah ! mon Dieu !
Qu’est-ce donc ?
Il l’a traversé de part en part.
Voilà qui est fait.
Holà ! cavalier ! Il ne parle plus… et l’autre a disparu me laissant dans un embarras sans égal. — Que faire ? Dieu me soit en aide !… Qui ne croira que c’est moi qui l’ai tué ? Il a rendu le dernier soupir. Je viens de Séville tout exprès pour me battre avec un cavalier, et en arrivant, voilà le spectacle que je trouve. C’est un avertissement du ciel, et sans entrer à Tolède, je veux m’en retourner dès que mon valet m’aura rejoint, je retourne à Orgaz… Mais qu’est ceci ? ma mule n’est plus là… ce sera le meurtrier qui l’aura prise. Voilà un homme tout à fait sans façon. Il jette l’un à terre et laisse l’autre à pied.
Au nom du roi, arrêtez !
Il faut bien par force que je m’arrête, car le cavalier qui a tué cet homme-ci m’a enlevé la mule qui me servait de monture.
Bravo ! voilà une réponse qui ne manque pas d’audace… Un
- ↑ Aunque mal aguero sea, etc., etc.
Il paraît qu’il était resté quelque chose chez les Espagnols de la croyance aux augures.