Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/200

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de Renay, qui donnait depuis plusieurs années, de ses deniers, 250 fr. à l’instituteur, à la condition de recevoir tous les enfants indigents qu’il désignerait, ne peut obtenir que d’un très-petit nombre, qu’ils fassent profiter les enfants du bienfait qu’il leur procure. Il n’obtient guère plus en leur accordant à eux-mêmes des secours quand ils sont malades, et y mettant pour condition l’envoi de leurs enfants à l’école.

Basses-Alpes ; arr. de Castellane. — Ce changement annuel des instituteurs ruraux, cet apprentissage continuel que sont obligés de faire le maître et les élèves ; l’un, du caractère et du degré d’instruction de ses élèves ; les autres, du caractère et de la manière d’enseigner du nouveau maître, et beaucoup d’autres motifs ne contribuent pas peu à laisser, ou plutôt à retenir la jeunesse des villages dans une ignorance désespérante. Si, aux inconvénients des déplacements annuels, on ajoute le peu de durée de l’activité des écoles, on sera convaincu que tout progrès sensible est, sinon impossible, du moins très-difficile. On se tromperait, de croire que ce soit la difficulté de conserver l’instituteur pendant l’été, qui empêche les enfants de suivre plus long-temps les leçons de l’école. Ce sont les élèves qui manquent aux maîtres, quand le beau temps arrive, et non les maîtres aux élèves ; et je suis convaincu que dès l’ouverture des travaux de la campagne, dès que l’on pourra envoyer paître le bétail, les écoles seront désertes, fussent-elles gratuites. Je n’ai pas trouvé un seul maire qui ne m’ait dit : « Nous n’avons pas besoin d’un instituteur pour l’année ; il ne nous le faut que de la Toussaint à Pâques : passé ce temps, chacun a besoin de ses enfants ; et nous ne les enverrions pas à l’école, quand même on nous paierait. »

Gers ; arr. de Lectoure. — Quelques-uns des parents prétendent qu’ils n’enverraient pas leurs enfants à l’école « quand on les paierait. » Nous avons, disent-ils, mangé du pain sans savoir lire et écrire, nos enfants feront de même. Voyez un tel, qui sait lire ; il est pourtant moins riche que nous, qui ne savons pas.

Loiret ; arr. de Pithiviers, cant. de Pithiviers. — Le conseil municipal de Vrigny, dans une délibération officielle, exprime la douleur qu’il éprouve, en pensant que, parmi quarante-neuf indigents admis à jouir de l’instruction gratuite, on aura de la peine à avoir quelques écoliers.