Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/22

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foyers d’infection et d’épidémie, qui pourrait garder son sérieux à la lecture de ces combinaisons comiques, de ces réunions contre nature, inventées par la plus extrême misère ou par le plus sordide intérêt pour reléguer l’instruction primaire dans un repaire qui ne coûte rien à personne ?

Heureuses les communes où les conseils municipaux, en accordant une salle à l’instituteur, n’en exigent d’autres redevances que de la céder le jour d’assemblée (1), ou bien encore d’y laisser le percepteur tenir son bureau et régler ses comptes (2) ! Il en est d’autres où le local de la classe peut voir, dans la même journée, l’instituteur du matin, monter une faction citoyenne pendant la nuit, après avoir présidé le soir, comme ménétrier, à la danse joyeuse du village (3) : car la classe a le triple privilége d’être à la fois l’école, le corps-de-garde et la salle de danse (4).

C’est un phénomène assez rare, dans le logement habité par le maître, de lui voir consacrer à tous les usages domestiques une chambre séparée de la classe. Il lui est plus commode, en faisant réciter le catéchisme, de verser une chopine aux buveurs, ou de battre sur la forme la semelle des chaussures qu’il débite dans le voisinage (5), de surveiller son pot-au-feu, et d’écumer la marmite qui profite sur le poêle des bûches fournies dans un autre but par les familles (6). Peu lui importe que les émanations de son dîner futur contribuent à infecter l’air épais qu’on y respire, et donnent à l’appétit facile de ses élèves des distractions peu favorables à l’étude ; peu lui importe que les soins empressés de sa ménagère, dans une classe transformée en cuisine (7), troublent l’attention fugitive de ses marmots.

Pour que rien ne manque à l’inconvenance d’un pareil état de choses, la classe n’est pas seulement sa cuisine, c’est sa chambre à coucher (8), c’est son ménage