Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/58

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que cette émulation entre les écoles des frères et les écoles mutuelles n’ait amélioré beaucoup l’enseignement des unes et des autres. Nous voyons même avec peine, à part le sentiment de justice qui commandait cette tolérance, que cette seule considération des avantages inhérents à leur rivalité, n’ait pas retenu bien des conseils municipaux, au moment de supprimer les frères ou les laïcs, par une économie funeste. Mais, quand cette concurrence ne s’exerce pas dans les villes, au milieu d’une population assez nombreuse pour y suffire, elle n’a, le plus ordinairement, que des inconvénients. Si le droit, que chaque instituteur trouve écrit dans nos lois, d’aller dresser sa tente à la porte de l’instituteur communal, leur imposait à tous deux des conditions égales, la lutte tournerait toujours à la fin contre l’ignorance ; mais, dans l’état des choses, le peu de lumières des familles ne leur permettant pas de faire entre les deux maîtres le choix le plus judicieux, elles courent naturellement au bon marché, et l’adjudication se fait au rabais (161). Pour peu que l’instituteur communal se trouve chargé, par exemple, de soixante-quatorze enfants indigents (162), et que l’instituteur privé, son émule, fasse annoncer à son de trompe qu’il reçoit les autres à cinq sous par mois (163), je ne sais si le second fera de brillantes affaires, mais le premier, réduit à son minimum de deux cents francs, ne pourra pas subsister long-temps de la sorte (164).


Remèdes proposés.


En signalant les obstacles que l’instruction primaire pouvait rencontrer long-temps encore, MM. les inspecteurs de 1833 ont dû naturellement réfléchir aux moyens d’y porter remède (165). La tâche est ici bien plus difficile, aussi n’ont-ils pas été toujours très heureux. Nous ne croyons pas, pour notre compte,