Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/64

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s’il fallait le débourser quand même (181). Cette précaution innocente aura sans doute été suggérée à ceux qui l’avaient mise avant nous en pratique, par l’expérience des calculs sordides qu’il nous faut déconcerter à notre tour, et peut-être ferait-on bien de l’adopter par mesure générale (182).

Enfin, nous avons gardé le remède le plus infaillible pour le dernier, et nous en attendons un plein succès, parce que tous les témoignages des inspecteurs en attestent l’efficacité. Il s’agit de donner aux écoles de bons maîtres. Partout où l’on a vu des instituteurs médiocres et peu considérés, on n’a pas trouvé d’école pendant l’été. Partout où l’inspecteur a signalé des hommes habiles, honnêtes, consciencieux à la tête des écoles, ils se sont peu ressentis de la solitude qui dévastait les bancs de leurs voisins. Et c’est cette expérience, plus que toute autre chose, qui me confirme dans mes espérances pour l’avenir. Dans ce bon sens pratique de la nation, il faut voir un gage de l’assiduité future de la population de nos écoles, quand nous serons parvenus à former des instituteurs dignes d’inspirer aux familles toute confiance et pleine sécurité (183).

C’est une tâche en grande partie réservée aux écoles normales primaires. À l’époque où ces renseignements ont été recueillis, elles étaient loin d’avoir acquis l’importance que l’attention vigilante de l’administration leur a donnée depuis. Il serait donc injuste de mesurer ses espérances aux services qu’elles avaient pu rendre alors. Sans doute, une appréciation plus judicieuse des devoirs qui sont imposés aux élèves-maîtres ne leur ferait plus mériter aujourd’hui le reproche d’élever si haut leurs prétentions au sortir de l’École normale, que les modestes émoluments d’une commune rurale ordinaire ne pussent les satisfaire (184). Si les écoles normales ont été placées dans les grandes villes, ce n’est pas que les villes