Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/10

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mais suffocantes chaleurs de juillet, un repos et un bien-être que les heures de la sieste passées à l’ombre verte des hauts tilleuls, dans le calme et le silence, tout bourdonnant de vols d’insectes, de ce profond et frais jardin. Le jardinier, un ancien grenadier de l’empereur, tombé après Waterloo dans ce trou de petite ville et qui se consolait des gloires disparues en cultivant des fleurs, avait bien voulu confier à mon père une des clefs du vieux domaine.

— Le gosse y sera plus à son aise que sous les châtaigniers du cours, lui avait-il mâchonné brusquement, un beau jour, dans un élan d’enthousiasme attendri devant une collection de tulipes doubles : des échanges mutuels de graines et de boutures avaient créé une sorte d’amitié… botanique entre ce vieux grognard et mon père, un passionné d’horticulture comme il n’est pas rare de voir s’en produire aux approches de la cinquantaine dans la calme vie des bourgeois de province mariés sur le tard. Cela avait commencé par des oignons de jacinthe ; des écussons de roses de la Malmaison avaient resserré des rapports déjà par