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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/108

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froid, sur le baldaquin du lit et le marbre poli d’une vieille console, la poussière, neige noire des défuntes années, semblait n’avoir jamais été dérangée depuis de bien longs mois.

Chambre étrange : ont eût dit qu’elle avait un secret
D’une chose très triste, et dont elle était lasse
D’avoir vu le mystère en fuite dans la glace…


Ces vers exquis de Rodenbach me sont depuis revenus à la mémoire à propos de cette chambre effectivement étrange et qui, certes, avait, elle aussi, un secret, un secret et un regret enfouis dans l’autrefois de sa mélancolie, solitude et silence ; ce grand silence hostile que dérangeait aujourd’hui ma venue d’invité dans ces bois.

Impression de courte durée, d’ailleurs : on m’attendait à déjeuner au château !

Comment, après une journée passée à battre les taillis et une curée de dix-sept chevreuils inscrits au tableau, l’esprit égayé par l’heureuse diversion d’un diner de vingt-deux couverts dans le hall de chasse de Hauthère, le sang ragaillardi par les crus haut cotés d’une cave fameuse et la pensée à cent