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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/12

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après la cérémonie, habitait l’hôtel familial avec son mari, le seul marquis de Sonyeuse actuellement vivant.

Était-ce pour la marquise douairière ou pour sa belle-fille que le père Bricard ratissait si infatigablement le sol de son allée principale, celle qui allait de la grille d’entrée au pavillon ? pour la vieille femme ou la jeune mariée, qu’il peignait si consciencieusement la première pelouse s’arrondissant en cœur devant le grand perron ? Cela demeura toujours entre lui et sa conscience de vieux militaire.

— Je veux que Mme la marquise n’ait rien à dire, c’est mon idée, s’obstinait-il à nous répéter à ma bonne et à moi, au cours de nos promenades dans le grand pavillon de la rue Viorne.

— Mais puisqu’a n’est jamais venue, votre Mme la marquise, et qu’a ne viendra pas, s’évertuait à lui prouver ma bonne Héloïse.

— Et si elle venait ? Est-ce qu’on sait jamais… avec les femmes ?

Et il reprenait sa bêche ou son râteau, c’était son idée fixe à lui : contenter Mme la marquise ;