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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/122

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« De quel monde votre aliéné d’amour ? » À quoi sir Williams : « D’aucun monde et par cela même moins qu’intéressant pour vous sans doute ; car mon fou n’a ni attelage coté au Bois ni bourse de jeu au cercle c’est un de mes ouvriers, mesdames et messieurs, oui, un des fondeurs de mon usine ! »

« Fou guéri, alors ! » chantait le timbre grave et mordant de l’incorrigible interruptrice.

« Guéri, guéri… cela est à savoir ! Toujours est-il que ce garçon, et un superbe garçon, mesdames, de vingt-quatre ans au plus, un ouvrier exemplaire, a dû quitter Paris, le quartier où il travaillait et son ancien métier de garçon étalier aux Halles, pour venir ici mener la vie de galérien, qui est la vie des usines, et cela pour échapper à l’obsession qui le rejetterait au cabanon s’il habitait Paris ! Car Paris, pour lui, c’est le souvenir vivant de l’amour et de la femme qui l’ont conduit où il est aujourd’hui ! »

— « Fou furieux ! »

— « Oui mon fou a été fou furieux et interné six mois à l’hospice de Villejuif. »