Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur alcôve est le creuset du diable. L’incube épuise et tue de voluptés sa maîtresse ; le succube aspire et boit la vie de son amant ; l’un et l’autre ont ici-bas pour complices et l’attraction des sexes et l’éternelle luxure. Mais l’Égrégore, oh ! c’est tout autre chose c’est l’insensible et délétère influence d’un être de ténèbres, d’un mort ou d’une morte s’installant auprès de vous sous l’aspect d’un vivant, s’insinuant dans votre vie et vos habitudes, s’immisçant dans votre cœur, dans vos admirations et y prenant une odieuse racine, vous soufflant de sa bouche damnée une passion fatale, une folie quelconque, folie d’artiste ou d’amateur, et d’étapes en étapes, sous sa hallucinante et fascinante obsession, vous couchant un beau soir dans le froid d’une fosse… Le moyen âge est plein d’histoires d’Égrégores. À Madrid, on en brûlait au moins huit à dix par hiver ; mais le pays de l’Égrégore, c’est, par excellence, l’Autriche, la Pologne, la Russie, la Bohême, la patrie de Barythine. D’ailleurs, en voulez-vous ici-même un exemple ? Allez demander, comme si rien n’était, au marquis de Sarlys ce que va chanter la com-