Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/30

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et venait avec un grand bruit mat se fermer à mes pieds au beau milieu des dalles poussiéreuses ; elle, toute cramoisie, en était demeurée coite et je me baissais déjà pour ramasser ce livre et le lui rendre, quand ma mère, qui avait vu le mouvement, me tirait brusquement par le bras, et de surprise je restais interdit et tout droit.

Lady Mordaunt se baissait alors le plus naturellement du monde et, par une inclinaison de tout son beau corps souple, ramassait le livre à terre et le remettait ouvert entre les mains de l’enfant ; mais elle n’avait rien perdu de la scène et du mouvement de ma mère, car ses belles mains tremblaient un peu, à elle aussi, en feuilletant son paroissien pour y retrouver sa messe, et dans le regard surpris qu’elle jetait sur moi il y avait comme un remerciement ; mais pourquoi ce regard était-il si étonné, qu’avais-je fait là de si héroïque qu’on en parût surpris !

Ma mère qui était foncièrement bonne eut-elle le regret de l’impertinence gratuite faite à lady Mordaunt dans son enfant… ? toujours est-il qu’après l’Ite missa est, elle se levait, dépêchant ses