Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/45

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rencontrait plus par la ville : l’amour en avait fait un reclus. En revanche, nous croisions tous les jours la petite Hélène Mordaunt, beaucoup moins tenue sévèrement qu’autrefois, et maintenant accompagnée d’une gouvernante, une grande femme de chambre anglaise aux allures de dame, avec je ne sais quel faux air de lady Mordaunt répandu dans toute sa personne.

Cette fille s’appliquait-elle à copier sa maîtresse, ou devait-elle à la garde-robe de lady Mordaunt, qu’elle achevait de porter manifestement, cette lointaine ressemblance avec la femme la plus idéalement distinguée que j’ai jamais connue ? toujours est-il que tout S… se préoccupa huit jours de cette aristocratique femme de chambre.

Chose toute naturelle, en somme, lord et lady Mordaunt auraient-ils confié à la première venue la garde de leur Hélène, cette enfant quasi-royale ?

D’ailleurs la société de S… commençait à se départir un peu de ses hostilités envers lord et lady Mordaunt ; la grossesse douloureuse de la mère avait attendri les bonnes âmes de l’endroit et un courant de sympathie s’était établi autour de