Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/76

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autres ; cette tombe et ces détritus de fleurs, c’était tout ce qui restait ici-bas de cette exquise et délicieuse étrangère, de l’adorable et triste hôtesse de Sonyeuse, de cette belle lady Mordaunt.

Maintenant ma mère m’emmenait vite, à petits pas, comme si elle avait hâte de m’arracher à ces souvenirs, de me reprendre,

« Nous avons dû te cacher la vérité, mon enfant, dépêchait-elle comme une leçon apprise à mon oreille, le docteur l’avait ordonné : cette affreuse aventure surexcitait tes nerfs, t’avait déjà rendu malade ; c’était pour nous un sujet de continuelles inquiétudes, et un réel danger pour toi. Aujourd’hui que tu es guéri, je te dois la vérité.

« Lady Mordaunt est morte, il y a un mois, d’un transport au cerveau, la raison complètement égarée, folle de chagrin de la perte de son enfant ; la petite Hélène n’a jamais reparu.

« Le marquis de Sonyeuse est venu de Rouen conduire le deuil de lady Mordaunt. Comme tous les hommes de la société de la ville, ton père a cru devoir suivre ici le convoi de cette malheu-