Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me semblait au moins difficile, puisque nous nous voyions pour la première fois… Mais il se sentait prêt à m’aimer quand même vu que j’étais un si bon enfant… comme Hector. Aussi il ne voulait pas me voir une minute de plus dans ce diable de cabinet de consultations, où il y avait embusquées, tapies dans tous les coins, dans les rideaux, sous les meubles, un tas de maladies d’anciens clients guéris, toutes prêtes, les garces qu’elles sont, à sauter à la gorge du pauvre monde, et cela à la seule fin de ne jamais laisser les médecins sans malades, un truc à eux, les charlatans, et bien connu de lui, docteur. « Aussi venez, venez. » Et m’empoignant le bras, trottinant et heurtant sa canne à tous les meubles, il se hâta de m’emmener bien vite hors de son cabinet ; lequel était fort beau, ma foi, avec son vieux bureau-secrétaire à cylindre aux cuivres magnifiques, son buste d’Esculape en marbre sanguin et ses deux hautes armoires en bois de rose, se renflant en demi-cintre, chacune au coin de la cheminée : l’armoire aux friandises et l’armoire aux dragées des gourmandes aïeules du siècle évanoui… Nous voici