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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/95

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satin blanc ou de tulle rose, sa gorge admirable remontée sous les bras, comme offerte au baiser, par la mince ceinture en argent, les hanches accusées par la robe aux mille plis plaquant sur les reins et la rondeur des jambes… et l’effet du cothurne aux triples bandelettes sur le clair bas de soie, transparent et si fin, que la chair enivrante enivrait au travers !… Cette perle de volupté et de grâce, dans quelles affreuses circonstances je l’ai connue plus tard.

Belle comme une Muse et plus entourée d’hommages qu’il n’en eût fallu pour perdre une autre femme, Mme Lafond était irréprochable… irréprochable par ces temps de mœurs faciles et de débordements, qu’étaient les dernières années de l’Empire… Elle aimait d’un solide et calme amour d’honnête femme ce butor de Lafond, un beau gars normand, sanguin et blond, bâti comme un hercule, ancien familier de l’Empereur et qui, lui, la trompait sans vergogne, menant la grande vie des chevaux, des soupers, du jeu et des filles : assurément fier de promener dans les réceptions officielles la jolie créature qu’était alors sa femme